31 000 décès en Angleterre, 2000 en Irlande, 8800 au Portugal, 19000 en Espagne, 5700 en Grèce et 27 000 en Italie : voici les chiffres surprenants des décès imputables au froid, selon une étude menée à l’échelle européenne (Healy 2003a). Les causes de ces décès : l’inefficacité thermique du parc immobilier.
L’étude a défini l’inefficacité thermique par des indicateurs qui prennent en compte la présence et la qualité du chauffage dans le logement, l’état général du bâtiment et en particulier l’humidité, et enfin la capacité pour les ménages de régler leurs factures de chauffage.
La France particulièrement touchée
En France, l’étude a montré que 10% de la population souffrait de pauvreté thermique, soit l’une des plus fortes proportions en Europe. Pourtant, aucune politique concrète n’a été mise en place pour palier ce phénomène. Les récents accords du Grenelle vont peut-être malgré eux réussir à enrayer ce fléau.
En effet, l’une des solutions les plus efficaces est bien sûr d’augmenter la performance thermique des logements. En Norvège, les travaux d’amélioration thermiques ont été pris en charge par l’état depuis 1970, parfois jusqu’à 100%. Le résultat est sans appels : 100% des logements équipés de double vitrage et près de 90% isolés.
Les mesures à mettre en place
Le challenge est grand en France où plus de 20 millions de logements sont de vraies épaves thermiques. Concernant le logement neuf, nous sommes encore loin des maisons passives allemandes, avec des règlementations thermiques frileuses, et ajustées aux besoins de production d’EDF. Un changement radical ne pourra voir le jour en France que si le gouvernement s’engage pleinement à soutenir la construction et la rénovation à basse consommation d’énergie.
En tant que professionnel spécialisé dans ce domaine, nous proposons que l’état agisse à deux niveaux :
- sur le particulier en lui accordant des aides,
- et sur les professionnels en leur permettant de rendre viables leurs opérations immobilières.
Pour cela :
- Un prêt à taux 0% dans la rénovation mais également dans le neuf.
- Des prix plafonnés pour les achats de matériels éligibles au crédit d’impôt afin que se soit le particulier qui en profite, et non le fournisseur (cf le marché du photovoltaïque qui a doublé ses prix en moins de trois ans).
- Une réelle application par les mairies la valorisation du COS de 20% pour les projets basse consommation.
- Une modification des modes de calculs du foncier proposé par les sociétés d’économie mixte, qui vendent de la SHON, alors qu’il serait plus juste de vendre de la SHAB. En effet, un projet basse consommation produit beaucoup moins de SHAB qu’un projet classique à SHON égale.
- Un arrêt de la mainmise des lobbies industriels sur le CSTB ce qui rend très difficile la mise sur le marché de nouveaux matériaux plus performant et moins chers.
Car il ne faut pas se leurrer : faire du logement basse consommation de qualité, cela a un prix (ne parlons pas du passif). Afin de rester compétitif vis-à-vis de la majorité des professionnels qui continuent à proposer des passoires thermiques, mais équipées de panneaux solaires (!), il faudra impérativement une intervention sérieuse de l’état.