Le concept de « Nearly Zero Energy » (i.e. « près de zéro énergie ») a été évoqué comme le standard pour les bâtiments à l’horizon 2020 par la Directive européenne du 19 mai 2010, relative à la performance énergétique des bâtiments.
L’article 9 de cette direction explique que dans un bâtiment « Nearly Zero Energy » :
“La quantité quasi nulle ou très basse d’énergie requise devrait être couverte dans une très large mesure par de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, notamment l’énergie produite à partir de sources renouvelables sur place ou à proximité.
Autrement dit, un bâtiment extrêmement performant, dont les infimes besoins énergétiques sont principalement comblés par de la production d’énergie renouvelable (panneaux solaires…)…
C’est d’ailleurs ce que la France a retranscrit dans le texte de loi dit grenelle 1 (à partir de fin 2020, toute demande de permis de construire présentera « sauf exception, une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces constructions, et notamment le bois énergie. Art. 4).
Le bâtiment passif (connu surtout via le label Allemand PASSIVHAUS) et le bâtiment positif (dit « BEPOS » bâtiment à énergie positif) vont totalement dans ce sens.
ET POURTANT LE « NEARLY ZERO ENERGY » NE PORTE PAS SI BIEN SON NOM.
Comme nous le disions dans une interview sur Moniteur.fr, avec l’émergence de constructions très peu consommatrices d’énergie, l’énergie grise des bâtiments va représenter des décennies de chauffage !
L’energie grise, la face cachée de l’iceberg
En avril 2009, nous vous avions présenté ici le principe de l’énergie grise et sa prise en compte quasi inexistante dans les choix de construction.
En bref, il s’agit de l’énergie « incorporée » dans un produit au moment de sa fabrication, à l’extraction des matières premières dont on a besoin pour le fabriquer, au processus de transformation grâce auquel on obtient un produit fini, à son transport, à son stockage, à son utilisation et à sa destruction.
Deux ans plus tard, force est de constater que la notion est encore à l’état de… concept. Et pour cause, aucun label ne fait officiellement référence à la nécessité de recourir à des matériaux à faible énergie grise. Conséquence – d’après les dossiers de certification en cours – les constructions performantes type BBC font la part belle aux matériaux énergivores, comme le polystyrène (à lire notre article Tout sauf la maison BBC pseudo “écologique” !).
Pour information, à performance thermique égale, un isolant en fibres de chanvre a une énergie grise de 40 kWh/ m³… contre 450 kWh/ m³ pour le polystyrène expansé !
Le label Minergie-A
Mais le secteur avance, notamment au niveau européen. Une fois de plus l’innovation n’est pas Française… mais Suisse.
Vous le savez peut-être, les Suisses disposent de leur propre label « MINERGIE », avec plusieurs niveaux d’efficacité énergétique. A ce jour, 20429 bâtiments ont été certifiés selon le référentiel MINERGIE®.
Forte de son avance, l’Association MINERGIE lance à présent son label MINERGIE-A qui prend en compte l’énergie grise des bâtiments.
“Le label Minergie-A comptabilise la somme des énergies nécessaires au fonctionnement du bâtiment (production de chaleur, ventilation, éclairage, appareils électrodomestiques) et y ajoute les énergies nécessaires à la production, la fabrication, l’utilisation et le recyclage des matériaux utilisés autrement dit l’énergie grise.„
(Moniteur.fr)
Le label se prémunit également des dérives qui consisteraient à se concentrer sur la production d’énergie solaire – au lieu de travailler en amont sur la conception du bâtiment et les équipements – en limitant le poids de la production photovoltaïque locale dans les calculs.
Une nouvelle très encourageante pour le secteur ! Soulignons-le, à l’heure actuelle, le label MINERGIE-A semble être la certification européenne la plus aboutie sur les questions énergétiques…
A quand la prise la compte de la santé et la qualité de l’air intérieur dans les labels ?!