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Vrai ou faux : Une maison écologique a des panneaux solaires

Que ce soit à la campagne, en ville ou en banlieue : depuis deux ans, on assiste à une véritable multiplication de toitures solaires. Les raisons d’un tel engouement ? L’équilibre subventions et crédit d’impôt assorti du rachat de l’électricité produite par EDF et vous obtenez un investissement plutôt lucratif et rentable assez rapidement.
Renforcez le tout par un imaginaire collectif qui se représente la maison écologique comme une maison bardée de panneaux solaires (quand elle ne ressemble pas à un OVNI), et vous obtenez un véritable effet de mode. Ainsi, dans l’esprit du particulier, l’équation est simple : maison écologique = panneaux solaires.

Or il n’y a rien de plus faux. Déjà, quand on parle de maison écologique, de quoi parle-t-on ? Parle-t-on d’une maison classique, réalisée en parpaing et polystyrène, à laquelle on aurait greffé des panneaux solaires derniers cris, et surtout, bien visibles ? Parle-t-on, à l’autre extrême, d’une maison ressemblant à une soucoupe volante, tournant sur elle-même pour suivre la course du soleil, et réalisée avec des matériaux naturels et bio, et ce, des murs jusqu’aux clous ?

La réalité de la maison écologique est toute autre. Comme chaque question, il n’y a pas un type de maison écologique, avec une définition précise et absolue.
Il y a plutôt une démarche qui va prendre en compte les différentes facettes d’un projet. Mais de manière générale, on retiendra trois aspects : faible impact sur l’environnement, faible consommation énergétique, et aucune nocivité pour les occupants.

Le premier aspect est donc l’aspect de l’intégration de la maison dans un environnement adapté : le terrain a-t-il subi une analyse rigoureuse (étude de sols, étude des vents dominants, analyse météorologique) ? Ou bien a-t-on choisi le premier terrain venu parce qu’il était le moins cher ? Et à quoi cela sert-il de construire une maison « écologique » si pour le moindre déplacement, il faut utiliser la voiture ?

Un autre aspect est celui de la performance énergétique : sans une consommation d’énergie très faible, on ne peut pas parler sérieusement de maison écologique. Car toute consommation énergétique (même d’origine renouvelable, eh oui !) implique une pollution en amont, et ce, peu importe l’énergie consommée, que ce soit du pétrole, de l’électricité, ou même du bois. Car l’énergie la moins polluante est celle qu’on ne consomme pas (selon l’expression de l’Association Négawatt). L’aspect prioritaire dans toute construction énergétique est l’atteinte de performances énergétiques ambitieuses, pour obtenir au final une maison basse consommation, une maison passive voire une maison positive, c’est-à-dire qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme.

Autre aspect non négligeable, on choisira de préférence des matériaux ayant un faible bilan en énergie grise, c’est-à-dire toute l’énergie nécessaire à sa fabrication, son transport et son recyclage (plus ou moins son bilan carbone). Il s’agit en quelque sorte de la partie cachée de l’iceberg, c’est-à-dire toutes les casseroles que traîne le matériau. Inutile de préciser qu’à ce jeu-là, le champion toutes catégories est bien souvent le bois, alors que le grand perdant est de très loin le polystyrène (extrudé de préférence).

L’aspect sanitaire de la maison sera traité à travers l’utilisation de peintures intérieures naturelles, et de revêtements de sols d’origine naturelle (linoléum, marmoléum) qui n’ont pas besoin de colles toxiques, colles pourtant utilisées dans l’immense majorité des maisons en France. Mais le plus important sera bel et bien dans l’utilisation de meubles en bois massif, et non en bois mélaminé. Le principe de précaution nous oblige à être très exigeants en matière de choix des matériaux avec lesquels on va construire le bâtiment. N’oubliez pas qu’avant d’être considérée comme ennemi numéro 1, l’amiante était un matériau… comme un autre ! Sur quoi portera le prochain scandale ?

Enfin, on tombera dans tout ce qui est cosmétique et accessoire : douche solaire en bambou, isolation en laine de coco, porte-manteau naturel, éclairage de jardin avec mini-panneaux solaires. Bref, le gadget. Ces équipements peuvent être intéressants, mais ils doivent être pris pour ce qu’ils sont, à savoir des éléments strictement secondaires d’un point de vue écologique.

Avoir des panneaux solaires c’est mal ?

Concernant les énergies renouvelables, leur rôle est important certes. Mais elles ne sont que le dernier maillon de la chaîne logique qui consiste d’abord à réduire nos besoins (sobriété), à régler correctement nos appareils existants (efficacité), pour enfin combler les besoins restants par des énergies d’origine renouvelable.

La démarche de l’Association Négawatt est très pertinente et a le mérite de remettre les priorités dans le bon ordre, à l’aide d’un schéma simple.

Récemment, dans un article du très sérieux Der Spiegel, revue allemande, le parti vert allemand (Die Grünen) relevait que tous les efforts déployés ces dernières années en matière d’énergies renouvelables (panneaux solaires, éoliennes) n’ont pas réduit d’un seul gramme les émissions de gaz à effet de serre. Dans les faits, les EnR ont permis de produire plus pour polluer plus. On a donc considéré ces énergies comme un bonus, sans pour autant remettre en cause notre mode de vie. En matière de lutte contre le réchauffement climatique, on a déjà vu mieux non ?

La maison écologique est donc un cube avec différentes facettes, qu’il faut traiter dans la globalité au lieu de se contenter de construire de manière classique en posant du panneau solaire.

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